Aujourd’hui, rien ne va chez la famille Souris ! La machine à coudre, sans aucune raison, a décidé de faire des siennes. Tantôt elle pique des points distendus, tantôt elle bourre et fait de gros paquets de nœuds disgracieux sur les coutures. Maman Souris commence à perdre patience, voilà trois fois qu’elle recommence son ouvrage, le tissu est à présent criblé de petits trous et sa machine émet des bruits de plus en plus désagréables.
Comme un fait exprès, la maison est emplie de hurlements depuis ce matin. Les enfants semblent s’être donné le mot et se chamaillent, se bataillent et viennent rapporter aux parents. Le temps neigeux les a mis dans un état d’excitation sans pareil, ils déballent un jeu puis un autre puis un autre, tant et si bien que le sol de la chambre est jonché de livres, feuilles de papiers et pièces de puzzle.
Papa Souris, de son côté, avait la tête dans la machine à laver. Elle aussi avait choisi ce jour pour l’embêter. Il essayait de remettre le tambour en place lorsque les enfants arrivèrent en criant.
-Papa, papa, il a pris ma lampe torche !
-Non, c’est lui qui me l’a arraché des mains !
-Oui mais c’est parce qu’il avait caché ma voiture !
-Non, c’est même pas vrai d’abord.
–De toute façon, ta voiture elle est nulle !
-CA SUFFIT !!!!!!!!!!!!! cria Papa Souris.
Papa Souris ne crie pas souvent alors quand ça arrive, les souriceaux se font tout petits !
-Allez zou ! Tout le monde dehors ! Vous avez besoin d’un bon bol d’air !
Les petits souriceaux n’ont pas très envie de sortir dans le froid, mais en jetant un coup d’œil par la fenêtre, ils voient leurs petits voisins les lapins en pleine bataille de boule de neige.
-Ooouuuuaaaaiiiisssssss !!!!!!! s’exclament ils en enfilant à la hâte manteaux, écharpes, gants et bottes.
Une fois dehors, ils sont un peu timides et n’osent pas aller jouer avec leurs petits voisins mais une boule de neige leur arrive droit sur le museau. Plus de peur que de mal, cette missive a au moins l’avantage de briser la glace puisque les lapins arrivent en courant, accueillis par les rires des souriceaux.
En quelques minutes, les présentations sont faites et l’après midi se déroule à merveille. Les petits sont si heureux qu’ils ne voient pas le ciel s’assombrir. Soudain ils ne voient plus autour d’eux. Maman Lapin passe la tête par la fenêtre :
–Rentrez maintenant il fait nuit ! Vos petits copains peuvent venir goûter si ils veulent, j’ai fait un gâteau aux fanes de carottes.
Les joyeux camarades ne se le font pas dire deux fois et rentrent en trombe dans un tourbillon de bottes, de froid et de neige. Ils s’installent tous devant la cheminée et se régalent du délicieux gâteau de Maman Lapin. Soudain, les souriceau tendent l’oreille…
–C’est quoi cette musique ? Vous entendez ?
Les enfants Lapin s’esclaffent :
-Bah, c’est rien, c’est Papa et Grand-mère qui s’exercent.
Les petites souris les dévisagent médusées. Ils trouvent cela magnifique, leur poils se dressent sur leurs petites pattes. Dans leur famille il n’y a pas de place pour la musique, ils aimeraient tellement écouter encore et encore.
Les petits Lapins sont bien surpris. Ils sont, eux, tellement habitués à entendre des gammes et des arpèges sous leur toit qu’ils ont oublié quel privilège cela représentait.
Alors, tandis que les petits souriceaux se dandinaient au son de la guitare d’Oncle Lapin, Bébé Lapin fila chercher son tambourin et tapa dessus gaiement. Le rythme n’était pas très juste et il frappait un peu trop fort, mais le battement retentit très fort dans le cœur de Grand-père Lapin.. .
