Chapitre 4/24 – Chat uranga

Comme chaque jour, Mademoiselle Chat commençait sa journée par une séance de yoga. Elle déroula soigneusement son tapis, inséra un disque de musique zen dans son lecteur et étira son long corps svelte vers le ciel. Pendant une heure, elle enchaîna les salutations au soleil et autres postures, du pigeon au chien tête en bas. Ses mouvements étaient harmonieux et précis, ses muscles ondulaient sous sa peau, ses articulations étaient souples. 

Chaque posture semblait être facile, son corps était détendu, son visage souriant. Rien ne la rendait plus heureuse que ces moments de communion entre son corps et son esprit. A ce moment là, elle se sentait pleinement elle-même, Mademoiselle Chat, danseuse professionnelle, gymnaste hors pair, yogi confirmée.

Mademoiselle Chat habitait un petit appartement cosy, sa décoration soignée était à son image et reflétait son amour pour la quiétude, l’harmonie et le bien-être. De jolis tapis moelleux recouvraient un vieux parquet d’époque. Les meubles de bois brut se mariaient parfaitement avec les plantes vertes et les lampes aux lueurs tamisées.

Après ses exercices matinaux, la jeune chatte se prélassait devant la fenêtre, un grand bol fumant de thé vert et une assiette de fruits secs entre les pattes. Du haut de sa fenêtre, elle regardait le reste du monde sans comprendre leur plaisir à rester devant un écran ou à manger une glace bien trop sucrée. Elle se sentait si seule, si différente, incomprise de ces familles qui l’entouraient.

La plupart la trouvaient froide, fière, arrogante. Ils ignoraient que derrière ces privations et cette discipline se cachait un petit être fragile, paralysé par la peur de vieillir et surtout de vieillir seule. Malheureusement, elle était incapable de vivre avec quelqu’un. Il lui faudrait trouver un compagnon qui surveille son alimentation et s’impose tout comme elle une hygiène de vie irréprochable.

Mademoiselle Chat reposa sa tasse en soupirant et s’installa sur son tapis de marche.

Après avoir transpiré pendant 45 minutes, elle estima avoir droit à un peu de répit. Assise en posture du lotus, elle entama une méditation durant laquelle son esprit, habituellement docile, vagabonda. Exaspérée de ne pas arriver à se concentrer, elle se releva et fit les cent pas dans l’appartement.

Ses pensées la ramenaient sans cesse à sa triste solitude. En cette période de fête, elle se faisait ressentir plus douloureusement. La jeune chatte ouvrit la fenêtre et sentit des effluves de biscuits venir chatouiller ses moustaches. Elle imagina les regards en coin des deux marmottes et rêva à des regards en coin avec un beau matou athlétique… 

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