13/24. Minuit

Les cloches sonnent onze fois, rompant pour quelques minutes la quiétude de cette nuit de Noël. Nous avons quitté la chaleur de notre foyer, laissé sur la table les assiettes et les couverts, enfilé nos doudounes et nos écharpes. À présent, nous nous tenons devant la petite église du village. Il est incongru de se rencontrer ici en pleine nuit. Le vieux lampadaire est allumé et éclaire doucement les visages réjouis, tout le monde se souhaite un joyeux Noël et s’embrasse chaleureusement. Pour certaines personnes esseulées, la fête commence, pour nous, elle continue, dans une autre chaleur que celle de la maison, mais tout aussi confortable et accueillante.

Je rejoins sur le banc de l’église quelques copines du village, venues elles aussi à la messe de minuit avec leur famille. Nous sommes heureuses de nous revoir, fières d’être debout à une heure si tardive, enchantées par les cadeaux reçus. J’aperçois, quelques rangs devant moi, le fils d’un voisin. Il se retourne, me sourit et je rosis jusqu’à la racine de mes cheveux.

L’office commence, le prêtre peine à faire taire l’assistance, car pour tout le monde, c’est un jour spécial. Les tenues vestimentaires sont plus brillantes, plus festives. Les convives sont encore enveloppés de l’aura de fête, du bon repas, du bon vin et des rires. Les rangs de la vieille église n’ont jamais été si chargés et mes amies et moi gloussons dans nos cache-nez.

Puis, petit-à-petit, les voix se taisent, le froissement des robes cesse et le chant de la chorale s’élève. Une voix, plus deux, puis trois et enfin un véritable bouquet de notes, chantant à l’unisson. Les ténors et les basses se tiennent bien droits, en costume sombre. Leurs traits sont concentrés sur les notes les plus graves. Les altos et sopranos sont plus légères. Perchées sur de jolis escarpins, tenant leur partition de leurs doigts vernis, elles sont enfin délestées du stress des préparatifs.

De jolis textes sont lus, des chants de Noël sont clamés dans la joie par les petits comme les grands. Après un dernier recueillement, les bancs se vident et une foule s’amasse sur le parvis. Malgré le froid, personne n’a envie de rentrer. Mes parents convient une amie seule à venir partager un morceau de bûche et c’est le cœur léger que nous prenons le chemin de la maison.

Les cloches sonnent deux fois, il est tard dans la nuit. La soirée a été riche en surprises et en joies. Il y a eu des absents ce Noël là, j’ai surpris des regards tristes dissimulés derrière un sourire. Mais au moment de m’enrouler dans ma couette, je remercie ce grand homme rouge et blanc, qui, pour un soir nous fait oublier les tourments!

 

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