Je me réveille dans les bras de Thomas. La soirée a été idyllique, nous avons cuisiné ensemble un délicieux poulet curry, agrémenté d’un verre de pinot gris.
Je me suis sentie rapidement à l’aise dans son petit appartement. Celui-ci, confortable et bien conçu est masculin et épuré. Nous avons beaucoup discuté, avides d’en apprendre le plus possible l’un sur l’autre. Il s’est intéressé à ma passion de la lecture, nous avons parlé de notre enfance, de notre famille. Je n’ai pas envie de me poser de questions, mon cœur me dit de faire le plein de tendresse et de beaux moment et de me laisser porter…
Comme aucun de nous n’a envie de quitter la chaleur douillette de l’appartement pour aller chercher du pain, nous décidons de faire des crêpes pour le petit déjeuner. Je les aime à la confiture ou au chocolat tandis que lui est un fan inconditionnel du sirop d’érable. J’adore le café noir, lui préfère le thé le matin. Chaque minute est une découverte. J’avais oublié à quel point il est doux de poser tant de questions, d’essayer de tout retenir, d’avoir une surprise chaque jour, un peu comme lorsque l’on ouvre les fenêtres d’un calendrier de l’Avent.
Le temps file entre nos doigts entrelacés. La neige dehors est en train de fondre sous une pluie battante. Le vent qui tourbillonne fait claquer les volets de bois. Nous passons la matinée pelotonnés sous un plaid à regarder une rediffusion de « Maman, j’ai raté l’avion » emblème de Noël de notre enfance !
Lorsque les cloches dehors sonnent midi, nous prenons conscience qu’il va falloir nous séparer quelques heures puisque Thomas a prévu d’aider ses parents pour monter une étagère et fixer les guirlandes extérieures. Je ne cache pas ma déception mais nous savons qu’il est encore un peu tôt pour officialiser notre relation. Nous traînons encore sous la douche puis, une fois prêts, prenons la route vers chez mes parents.
Thomas roule bien en dessous de la vitesse autorisée. Les voitures derrière nous s’impatientent et doublent nerveusement. Nous n’avons aucune envie de nous quitter. Soudain, nous arrivons près du rond point de mon vieux village. La municipalité y a installé un joli traîneau de bois peint, rempli d’une multitude de cadeaux colorés. À deux pas de là clignote une enseigne bleutée, celle du café de Romuald. Devant la porte est posée une grande ardoise annonçant le plat du jour : quiche lorraine et salade verte. En dessert mousse au chocolat. Thomas se tourne vers moi, les sourcils arqués comme des accents circonflexe. Il est craquant, on dirait un petit garçon dont les yeux demandent l’autorisation de manger un bonbon.
Je suis contente qu’il propose de prolonger encore un petit peu notre moment ensemble et accepte avec beaucoup d’enthousiasme, tant pour sa compagnie que pour le menu annoncé. Après avoir salué Romuald, nous prenons place contre la vitre donnant sur la rue. Comme moi, Thomas aime observer les gens, commenter, imaginer leur vie, leurs soucis. La quiche est délicieuse, légère et savoureuse. La mousse au chocolat également. Au moment du café, Romuald profite du calme de la fin de service et vient s’asseoir à nos côtés. Il fait connaissance avec Thomas et au bout de quelques minutes, notre conversation dévie sur les livres et la littérature. Romuald semble s’intéresser à ma vision plutôt moderne de la lecture. J’aime l’ambiance calme et feutrée des bibliothèques mais je préfère les discussions autour des bouquins, les clubs de lecture, l’échange et le partage. Je commence à m’animer en dissertant sur la magie des armoires à livres, présentes dans les villes et parcs municipaux. J’adore le fait que ces livres soient mis à disposition de tout le monde. J’adore aussi y déposer une œuvre que j’ai adoré en espérant que celui qui la prendra ressentira la même chose.
Romuald semble pensif un instant. Son air concentré lui donne un air sévère que je ne lui connaissais pas. Tout à coup il me demande :
-Tu te souviens quand je t’ai parlé de mon projet de moderniser un peu le bistrot ?
-Oui, bien sûr, je réponds, intéressée.
-J’adore ton idée d’échange de livres. Tu crois que je pourrais faire ça ici ?
-Une armoire à livres, tu veux dire ? Évidemment on peut faire ça partout !
-Je crois que j’ai envie de faire de mon café un établissement un peu plus… littéraire.
-Ouah, c’est une chouette idée ! j’approuve énergiquement. Tu aurais besoin d’un coup de main ?
-Je n’osais pas te le demander.
Romuald nous offre nos cafés et nous prenons congé bras dessus bras dessous.
Thomas me dépose, après m’avoir longuement serré dans ses bras puissants. Il me murmure à l’oreille qu’il a adoré ces dernières 24 heures avec moi. Son souffle dans mon cou me fait tressaillir, je n’ai aucune envie de quitter l’habitacle et nous nous perdons dans les bras l’un de l’autre encore de longues minutes.
Je rentre à la maison des étoiles plein les yeux, heureuse et excitée par ma nouvelle vie et un nouveau projet…
Diane