Nouvelle de l’Avent : 14/24

La nuit à été bonne, j’ai fait de jolis rêves. De ceux qui rendent le réveil un peu amer. Mais quand je me souviens du message, je prends mon téléphone afin de vérifier que ses mots sont bien réels.

Je souris dans le vide. Je suis comme dans du coton, mon estomac fait des bonds. Je me sens comme une adolescente avec son premier béguin. Je tente de chasser de mon esprit les images de lui souriant à Mylène.

Il est dix heures trente, je pense qu’il a déjà assez attendu, je tape une réponse, l’efface, en retape une autre, avant de changer encore une fois. Que d’hésitations ! Après maintes tergiversations, j’opte pour un sobre :

Merci pour ton message, il me fait très plaisir..

J’espère qu’il comprendra que les points de suspension suggèrent la poursuite de la « conversation ». Un peu d’encouragement devrait l’inciter à m’inviter à nouveau.

Effectivement, après quelques minutes, je reçois :

As-tu quelque chose de prévu ce soir ?

Nous décidons de nous retrouver dans un restaurant chaleureux au centre ville, le soir même. Je saute de mon lit tel un ressort et décide que cette journée sera belle.

La matinée est fort occupée. Après avoir nettoyé la salle de bains de fond en comble, je pars pour Emmaüs, où je dépose mes cartons, excepté mes livres auxquels je tiens beaucoup trop. La femme qui m’accueille a l’âge de la retraite mais elle continue à trotter dans les rayonnages, les yeux brillants comme si elle était entourée de trésors. Celle-ci me remercie chaleureusement et je quitte la petite boutique le sourire aux lèvres. Je viens de déposer un fardeau. Je viens de m’alléger de nombreux souvenirs matériels qui n’ont plus leur place dans la vie que j’ai envie de me construire. Je me plais à croire que, d’ici quelques années, les mauvais souvenirs se seront estompés pour laisser la place aux meilleurs moment que j’ai passé, avec Quentin et avec Jen.

Penser à Jen me serre la poitrine comme à chaque fois. A-t-elle réellement l’intention de tirer un trait sur notre amitié ? Je ne le pense pas. Mais peut-être a-t-elle besoin d’un peu de temps. Je ne lui en veux pas, j’attendrai qu’elle revienne vers moi. Il ne peut pas en être autrement.

Je profite de mon après-midi pour avancer dans mes cadeaux de Noël. Quelques idées germent dans mon esprit, je vagabonde dans les boutiques, guettant le cadeau qui déposera des étoiles dans les yeux de ceux que j’aime. C’est amusant comme il est aisé de choisir un présent pour certaines personnes et si compliqué pour d’autres !

Je repars avec quelques paquets qui, j’en suis sûre, feront le bonheur de mes proches. En regardant ma montre, j’accélère le pas. Le trac commence à monter. Je vais passer la soirée avec Thomas.

Une heure plus tard, je suis à moitié nue devant le miroir de ma penderie. J’ai envie de me faire belle mais je ne veux pas trop en faire non plus. Le restaurant dans lequel nous allons dîner est à la fois chic et rétro mais j’ai envie d’être à mon aise. Finalement, j’enfile un pantalon noir, avec un chemisier gris clair. Je passe un temps infini à essayer des coiffures, si bien qu’à la fin la moitié de mes cheveux sont sur la brosse. Je finis par faire mon habituel chignon sur le sommet du crâne. Je m’applique ensuite sur le maquillage. Moi qui ne porte jamais de rouge à lèvres, je farfouille dans la trousse de ma mère et tombe sur un joli rouge cerise. Une touche de parfum et ça y est, je suis prête.

Lorsque je vais dire à mes parents que je sors, ceux-ci ont le sourire malicieux. Ils se doutent bien qu’un homme se cache là-dessous mais ont la délicatesse de ne pas faire de commentaire.

Je roule lentement car j’ai un peu d’avance et que je ne veux pas arriver là première. Espérons qu’il ne fasse pas la même chose, ce serait malheureux.

J’ai un petit quart d’heure de retard lorsque je franchis la porte du restaurant. Je balaie la salle du regard avant de voir Thomas, le nez dans son téléphone. Je profite qu’il ne m’ait pas encore repérée pour l’observer à la sauvette. Lui aussi est un peu différent. Il a laissé sa barbe et porte ce soir une chemise à carreaux qui lui donne un petit air bûcheron que j’adore. Ses cheveux sont coupés courts en revanche, et coiffés avec un peu de gel. En m’approchant de la table, je le vois regarder sa montre nerveusement et je jubile intérieurement à l’idée que ce rendez-vous ait de l’importance pour lui.

Quand il lève enfin la tête, son visage s’illumine. Je fonds littéralement. Ses yeux deviennent deux fentes minuscules et je pense à ma mère qui dit toujours que seuls les sourires sincères montent jusqu’aux yeux. Le sien m’atteint en plein cœur et je suis certaine à ce moment là que nous allons passer un chouette moment ensemble.

La soirée est délicieuse. Je me sens bien avec lui, confortablement installée sur la banquette en cuir. Le repas et le bon vin font vite tomber la légère gêne présente entre nous. Nous nous accordons sur le fait de ne pas parler du travail ni de mon mariage raté. Les heures défilent tandis que nous nous découvrons. Il s’intéresse à moi et semble m’écouter vraiment. Ces derniers temps, Quentin travaillait tellement qu’il mettait trois semaines à remarquer que j’avais changé de couleur de cheveux. Petit à petit, je prends goût à ce nouveau moi, à cette jeune fille qui a envie de plaire et savoure ce moment.

Thomas est passionné de cinéma, il fait de la course à pied et du VTT. Il aime cuisiner et se balader avec son chien. Nous avons des points communs, c’est rassurant !

Nos mains se rapprochent sur la table. Les siennes sont soignées mais robustes et quand il prend la mienne, elle semble soudain minuscule, comme celle d’un enfant. Il me parle un peu de son enfance, de ses parents, de ses 5 frères. Nous buvons un peu, mais rions beaucoup.

Quand le café est avalé et qu’il n’y a plus personne dans le restaurant, nous allons récupérer nos vestes et sortons dans la fraîcheur hivernale. Très galant, Thomas me raccompagne à ma voiture, il est venu à pied. Je m’attends à ce qu’il me propose de venir boire un dernier verre mais il ne se passe rien. Il se contente de me regarder en me disant qu’il a passé une merveilleuse soirée. Nos yeux ne se détachent pas, il se rapproche de moi, accélérant les battements de mon cœur. Ceux-ci sont si forts que je crains presque qu’il les entende ! Je n’ai jamais connu ce frisson. Quentin et moi nous connaissions depuis tellement longtemps que les sentiments sont apparus au fur et à mesure. Mais là, maintenant, ce que je suis en train de vivre est unique.

Comme dans les romans à l’eau de rose, ma bouche s’assèche, mes tempes bourdonnent. Le temps est suspendu, je sens son odeur boisée devenir plus intense à chaque seconde, son regard s’assombrir aussi. Finalement je passe mes bras autour de ses hanches et me colle à lui. Il m’embrasse alors enfin, très tendrement au début puis avec plus de passion. Mon ventre fait des cabrioles, je suis comme ces midinettes qui s’enflamment au moindre flirt. Je m’accroche à lui, il passe sa main près de mon visage. Et dire que j’ai toujours trouvé ce geste tellement irrésistible dans les films ! Nos lèvres se séparent doucement et son visage glisse doucement vers mes cheveux. Ses doigts caressent ma nuque, déclenchant instantanément une vague de frissons le long de ma colonne.

Notre étreinte s’éternise devant ma voiture. J’aimerais que le temps s’arrête mais c’est impossible. Nous nous regardons, mi-gênés, mi-amusés, les lèvres roses, les joues aussi.

Sur le chemin du retour, je sens son odeur sur moi, quelques frissons sont encore là. Je ne sais pas si ils sont dus à la température intérieure de l’habitacle ou au baiser de Thomas.

Une chose est sûre…

Quelque chose a commencé…

Diane

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