Nouvelle de l’Avent : 12/24

La journée semble s’étirer en longueur, il me tarde que le week-end arrive. Je jette des coups d’œil réguliers vers le stock au cas où Thomas apparaîtrait. J’y pense de plus en plus. J’essaie de ne pas me poser la question du pourquoi. Sans doute pour combler ce grand vide qui s’est soudain abattu sur ma vie. Peut-être pour me prouver que je peux plaire. Assurément parce que je suis flattée qu’un homme si séduisant me charme.

Le petit diable de ma conscience me souffle qu’il aime draguer, qu’il a sans doute déjà embrassé la moitié des filles de cette ville. J’ai peur de souffrir mais il me plaît tellement que je ne vais pas arriver à lutter très longtemps.

La matinée est déprimante, le téléphone ne sonne presque pas, la boîte mail sommeille. Les collègues ont l’air aussi fatigués et abattus que moi.

Au moment où je sens que je vais fermer les yeux, mon téléphone vibre, c’est Colleen :

Coucou, tu sors t’en griller une ?

Ni une, ni deux, je bondis de mon siège et enfile ma veste. Colleen apparaît, pimpante comme toujours, un bonnet en grosse laine enfoncé sur sa tête. Elle sort son paquet de cigarettes mentholées et s’en allume une, avec classe évidemment.

-Quel ennui, aujourd’hui. On dirait que les gens n’ont plus de sous à quelques jours de Noël…, dit-elle, sarcastique..

-Oui, tu as raison. Il paraît que les chocolats et les autocuiseurs ont plus la cote que les bas de contention. Alors, la soirée était bonne avec Jean-Luc ?

-Chuuuuuut, on pourrait nous entendre.

-Quelle  importance puisqu’il va quitter sa femme ?

-Pfffffff, tu parles ! Odette commence à me sortir par les yeux. Figure toi qu’elle n’a rien trouvé de mieux que de se faire opérer des varices.

-Beurk !

-Comme tu dis. Du coup, Jean-Luc dit qu’elle aura besoin de lui, tu comprends, elle ne peut pas rester seule…

-Hum je comprends.

Je me dandine sur mes jambes, mal à l’aise.

-Dis voir, Colleen, euh, tu le connais bien toi, Thomas ?

-Quel Thomas ? Du boulot ? Il t’intéresse ???

Ses yeux sortent de leurs orbites, son débit de parole augmente d’un coup, tandis que son sourire se fait carnassier. C’est la première fois que je me sens gênée devant elle. Je marmonne :

-Ben, euh, il faut avouer qu’il est plutôt pas mal, non ?

-Pas mal ? Il est à tomber tu veux dire ! Si je n’avais pas Jean-Luc, je lui aurais mis le grappin dessus. Ben qu’est ce que tu attends ? Je ne le connais pas bien, mais il a l’air plutôt gentil.

-Oui mais je ne sais pas comment faire, moi. Tu n’aurais pas son numéro par hasard ?

-Moi ? Je viens de te dire que je ne le connaissais pas bien. Cela dit, tu dois pouvoir trouver ça dans son dossier. Ou dans les renseignements internes.

-OK, je te remercie.

Nous rentrons dans le hall et je vois Thomas, de dos, en train de discuter avec Mylène, une jeune stagiaire. Celle-ci le dévore des yeux en papillonnant des cils. Elle est vraiment jolie, petite et menue avec de longs cheveux clairs. Je ne lui donne pas vingt ans. Elle porte une jupe plissée très sage contrastant avec son sourire mutin.

À ce moment là, Thomas tourne la tête et me voit. Je me sens rougir derrière mon écharpe. Il m’adresse son plus beau sourire, prend congé de la pauvre Mylène et repart vers son bureau, en me lançant un coup d’œil appuyé.

Gonflée à bloc, je m’active derrière mon écran et finit par tomber sur les fiches de renseignements du personnel. En quelques secondes, le numéro de Thomas est enregistré dans mon téléphone sous le nom « T », laissant pour plus tard le loisir de rajouter son nom entier ou un diminutif affectueux, ou de l’effacer…

Diane

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